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III- Croyances et neurosciences

Si l'homme n'était pas doté d'un cerveau, les croyances n'auraient pas leur raison d'être.

Définitions:

Les neurosciences affectives, dans le cadre de dysfonctionnements liés à un état clinique pathologique, ont pour objectif le décryptage des processus affectifs et sociaux à travers le métabolisme des principaux neuromodulateurs centraux.

Plus généralement, toutes les parties du cerveau interviennent dans les relations interpersonnelles, autant le néocortex, siège des fonctions cognitives supérieures, que les composantes du système limbique impliqué dans la gestion des émotions. L'amygdale gère, par la libération d'hormones de stress, le conditionnement à la peur face au contexte avec consolidation dans l'hippocampe. L'hypothalamus régit la compétition, la fuite devant les réalités.

L’épigénétique porte sur les modifications génétiques dues aux effets de l'affectivité sur le système limbique et transmissibles à la descendance. Par exemple, l'enveloppe de l'ADN des neurones peut être altérée à la suite d'agressions subies durant l'enfance.  A contrario, l'ocytocine est un polypeptide synthétisé principalement par le cerveau sous l'effet de l’empathie.

Les neurosciences cognitives
ont pour objet l'étude du fonctionnement du cerveau à travers ses facultés de cognition mettant en œuvre la perception, la plasticité motrice, les processus attentionnels, la prise de décision, la motivation et la cognition sociale.

Les outils récents d'investigation des neurosciences sont:
- L 'électroencéphalogramme (EEG)  enregistrant les potentiels électriques induits directement par l’activité des neurones pour en obtenir une résolution temporelle.
- L'imagerie à résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) permettant  la représentation cérébrale à partir de reconstruction artificielle en 3D de milliers d'images de coupe du cerveau.

Une application déjà opérationnelle est constituée d'une interface de communication entre ordinateur et cerveau mettant en œuvre des électrodes implantées dans le cortex en vue de piloter une prothèse externe (main...) en excitant si nécessaire les aires sensorielles associatives. Le principe repose sur la construction d'un modèle mathématique par diagramme d'états associés à la réaction du cerveau faisant suite à des stimuli prédéfinis.

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La pratique régulière religieuse est un devoir pour le croyant car, en recentrant son attention sur un seul et même dogme, elle renforce ses convictions. Le calendrier des grandes fêtes religieuses suit un cycle annuel et est suivi de très près ...par la grande distribution.

A travers l'expression collective formalisée en rites, les organes sensoriels (le toucher, l'ouïe, la vue,odorat...) sollicités renforcent le communautarisme si et seulement si ces derniers génèrent une contagion émotionnelle chez les participants à l'évocation du contenu codifié des croyances.  L'intervention quoique non déterminante d'un officiant étaye les intimes convictions. Le simple mimétisme n'est pas une condition suffisante.

En conséquence, l'interaction sociale consistant à décrédibiliser par une argumentation un dogme ne fait que le renforcer auprés des croyants à partir de l'âge adulte. La justification de ce phénomène relève de la neurologie.

Les enfants ne retiennent dans un premier temps de l'éducation religieuse que le merveilleux et l'insolite de son univers. La mémoire épisodique ne sera restructurée qu'à la fin de l'adolescence en mémoire sémantique avec la maturation du cortex préfrontal latéral (CPFL). Ils prendront alors position sur l'intégration des obligations religieuses dans la vie quotidienne (persistance ou rejet).

De plus, la capacité de s'adresser à un être abstrait, inaccessible aux sens, nécessite non seulement une capacité d'imagination dans le dialogue intérieur propre aux fonctions supérieures cognitives, mais aussi l'acceptation d'entrer dans un domaine du tout ou rien où la raison ne se limite plus aux aspects purement factuels.

Le  cortex insulaire, carrefour entre le lobe temporal, le cortex pariétal inférieur et le cortex frontal prémoteur, discrimine la qualité et l'intensité du stimulus en provenance des signaux corporels de l'entourage pour en extraire les messages émotionnels. Sa plasticité neuronale se dégrade plus rapidement avec l'âge du pratiquant que dans les autres zones cibles mais ce déficit est compensé par une propagation plus rapide du potentiel d'action aux cellules distantes. En toute vraisemblance, une moindre plasticité augmente le gradient électrochimique des canaux ioniques de chaque dendrite de cette zone du fait de son positionnement particulier par rapport au noyau.

L'enchaînement de facteurs stress=> consommation de stupéfiants altère la neuroplasticité par le déséquilibre du rapport entre neurotransmetteurs glutamate/GABA dans le contexte d'un taux de sécrétion élevé de cortisol. Elle est l'un des facteurs de la radicalisation religieuse.

Les aires prémotrices ne permettent que la reproduction d'un mouvement initié par un tiers mais ne déclenchent pas de stimuli émotionnels.

Une inactivation réversible du cortex insulaire par la mise en place d'une stratégie comportementale de substitution  exigeant une attention soutenue, par exemple l'abstraction intellectuelle/création artistique, sciences fondamentales.../, désactive le conditionnement à une substance (addictions) ou une activité. Cette stratégie accélère en effet la plasticité neuronale préalablement altérée. 

Une région du cortex préfrontal du cerveau, où la plupart des réflexions de planification s’initient, est responsable du contrôle des comportements habituels. Son excitation est associée aux neurotransmetteurs, notamment celui de la dopamine. En dessous d'un certain seuil, le défaut de motivation à un instant donné enclenche un processus en boucle irréversible de  disparition progressive de l'habitude, même en présence du stimulus.

La thérapie de groupe ne peut atteindre cet objectif par la socialisation n'ayant effet que sur l'affectif et non sur la neurotransmission monoaminergique exacerbée notamment par la consommation de stupéfiants.

A l'opposé du communautarisme, l'isolement par retrait volontaire de tout interaction sociale sollicite en permanence un subconscient à la recherche jusqu'alors inaboutie de réponses à des questions existentielles, notamment dans le domaine des croyances.

Le reclus peut consacrer la majeure partie de son temps à l'assimilation de connaissances accessibles par les moyens disponibles depuis son lieu de retraite (écrits,bases de données...) sans en référer à un tiers.  L'interopérabilité entre les aires fonctionnelles corticales n'engagerait pas le cortex insulaire, à fortiori en cas de lésion par épilepsie.

Sa mémoire inconsciemment va construire de manière heuristique des séquences logiques extraites des connaissances dont l'emboîtement assure spontanément la cohérence d'un raisonnement par révision des prémisses.

 Ce processus cyclique se poursuit jusqu'à la stabilisation de la solution, le stress mental du départ laissant place à la sérénité. La domination de la pensée sur le physique se reflète, d'une part à travers l'ascétisme matériel dans la vie courante du reclus, d'autre part par l'absence de de prosélytisme par interaction sociale.

L'existence de thèses contraires ne rencontre chez le reclus que de l'indifférence, l'émotivité étant absente.

Compléments: Les fonctionnalités du cortex cérébral sont recouvertes en majeure partie par la classification anatomique et cytoarchitectonique des 47 aires de Brodmann sous forme de cartographie (1909).

Le cortex préfrontal est une zone du cerveau située à l'avant du lobe frontal, qui regroupe un ensemble de fonctions exécutives et cognitives supérieures permettant l'enchaînement cohérent des actions. Du fait de la plasticité synaptique, il n'y a pas de rapport proportionnel entre le volume du cerveau et les capacités intellectuelles, suivant la méthodologie appliquée en intelligence artificielle (voir annexe ci-dessous).

2- La tension de l'introspection cible spécifiquement les aires du cerveau impliquées dans la coordination de la cognition et des émotions, à savoir le système limbique comprenant notamment l'hippocampe, l’amygdale.

- l'hippocampe est une structure cérébrale jouant un rôle dans la récupération de la trace mémorielle explicite sous l'influence des prédications. Elle va enrichir progressivement à travers les lobes temporaux la mémoire sémantique qui va structurer la croyance en un tout cohérent propre à chaque individu.

- l'amygdale, centre cérébral des émotions notamment impliquée dans l'agressivité et la peur. Elle contribue à la stabilité du moi à travers l'amour-propre dans la défense des croyances en renonçant à la discussion au préjudice d'une objectivité élémentaire.

3- Le striatum ventral situé sous le cortex est connecté au système limbique et joue un rôle important dans la motivation au sein du système dopaminergique.

remarque: en biochimie moléculaire, la pratique de la méditation favoriserait conjointement une augmentation du télomérase, enzyme présent chez les eucaryotes (espèce animale, plantes, champignons), ralentissant chez l'homme le vieillissement des chromosomes au profit de la longévité du cerveau.

A l'instar de la génétique, les neurosciences confirment donc l'absence de substrat organique dans le cerveau associé à la croyance ou à son exercice à travers la pratique religieuse.

Pour plus de détails sur le système nerveux, le lecteur pourra se référer à un article publié par le CNRS à l'adresse http://master.igmm.cnrs.fr/www/IMG/pdf/tc4_fmbs313_marcilhac_2013.pdf

Le CNRS, Centre national de la recherche scientifique, est un établissement public à caractère scientifique et technologique, placé sous la tutelle du Ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

 Remarque: Conscience et automatismes
 
 La conscience fait défaut dans la plupart des activités humaines soumises aux automatismes.


- Dans une première phase, le cerveau effectue une sélection de certains réseaux de neurones aux dépens des autres pour le traitement des stimuli en évacuant ceux non pertinents pour un projet conscient de mémorisation.


- Dans une seconde phase, on passe d’un traitement conscient des stimuli pertinents à un traitement inconscient dans lequel le cortex préfrontal n'est plus sollicité mais où la plasticité du cerveau améliore les performances.  Il en est ainsi de l'apprentissage.


Selon les neurosciences, les potentiels d'action transmettent les ondes électriques en provenance du cortex (onde P3 pour le délai de propagation). Elles se synchronisent pour activer à partir d'un seuil d'intensité le système limbique. En dessous de ce seuil, le cortex préfrontal regroupant un ensemble de fonctions exécutives et cognitives supérieures n'est pas sollicité.  A contrario, un stimulus peut interrompre un potentiel d'action en cours dans d'autres circuits neuroniques et peut enclencher une réaction motrice inconsciente. Les troubles de l'attention (TDAH) se rapportent à l'allongement du délai de transition entre la prise en compte par la conscience d'un stimulus non pertinent et celle d'un stimulus pertinent.


Addendum: Neurosciences et Intelligence Artificielle (IA)

L'intérêt économique majeur de l'IA orientant les recherches repose sur le gain conséquent de productivité engendré par les automates dans l'accomplissement de tâches répétitives

La plasticité neuronale à travers l'apprentissage optimise le traitement de l'information en utilisant la fente synaptique des neurones seulement les plus sollicités. Le cerveau peut ainsi se débarrasser des connexions occasionnellement utilisées et donc d’augmenter la vitesse de l’information. C'est la voie vers la spécialisation des connaissances.

Le connexionnisme en intelligence artificielle s'inspire de ce principe: il utilise un modèle dynamique de réseau de neurones pondérant les synapses dans un algorithme d'apprentissage afin de minimiser une fonction d'erreur (exemple: le perceptron multicouche).

La juste interprétation d'un concept en IA n'est pas assurée car assortie d'une probabilité associée à son analyse syntaxique - autre défi- par chacune des terminaisons de réseaux neuroniques programmés dans l'équipement. Les applications de l'IA dans le domaine de l'armement peuvent ainsi se révéler trés dangereuses pour l'homme.

La singularité technologique -hypothèse que la machine se doterait elle-même d'une superintelligence qui dépasserait de loin l'intelligence humaine- n'est pas à ce stade une approche réaliste.

 En revanche, elle constituera un atout précieux  à travers l'intégration programmée de règles de logique (du premier et deuxième ordre actuellement) pour  relever en temps réel les incohérences dans le raisonnement humain.

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