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Annexe 2: Extases hallucinatoires en neurosciences

L'extase mystique, si elle est accompagnée d'hallucinations, est assimilée en pathologie psychiatrique à un trouble psychotique bref. L'anosognosie, c'est-à-dire l'absence de conscience de l'état pathologique lors de l'épisode psychotique, en est la caractéristique.

L’ascétisme offre un terrain favorable à l'extase mystique. L'ascète, en fuyant volontairement l'action pour un approfondissement de l'ensemble de ses croyances mystiques dans un souci permanent de remise en cause à travers le doute se détache de toutes les complications matérielles de la vie, de ses relations sociales. La recherche intime de la certitude absolue pour le méthodique rationnel qui y consacre toute son activité mentale est une souffrance perpétuelle. L'instant très bref de la révélation dans laquelle le doute cède définitivement la place à l'intime conviction libère un excès diffus de dopamine ne provoquant pas nécessairement l'extase hallucinatoire. En effet, dans le domaine des sciences par exemple, la rumeur ne fait pas état de ce genre de trouble chez l'inventeur. Des prédispositions neurologiques sont nécessaires.


Ainsi, une malformation morphologique du réseau neuronique notamment au sein des cortex temporal et préfrontal serait source de phénomènes hallucinatoires à répétition sans nécessaire relation avec le mysticisme. La stimulation magnétique transcrânienne (TMS) non intrusive ciblant ces zones du cerveau ralentirait leur fréquence.


En situation notamment de stress, le rétrocontrôle hormonal est un mécanisme naturel basé sur le principe d'une boucle régulatrice hormonale de l'axe corticotrope, axe Hypothalamo-Hypophyso-Surrénalien.

Un rétrocontrôle positif de l'axe corticotrope induit une prolongation de sécrétion de corticostérone par le cortex de la glande surrénale. Ce dysfonctionnement est imputable à la libération chimique des neurotransmetteurs au niveau du thalamus.
 

1) Importance fonctionnelle du thalamus

Système nerveux et système hormonal s'interfèrent en permanence. L'hypothalamus assure la liaison entre système nerveux et endocrinien en relation avec l'hypophyse.

Plus précisément, la libération d'hormones dans le sang par l'hypophyse est sous le contrôle de l'hypothalamus lui-même stimulé ou inhibé par les influx nerveux provenant du système nerveux central.

De ce fait, l'hypothalamus régule la vie végétative -rythme cardiaque, respiratoire - en assurant la thermorégulation du corps.

En situation de stress, l' hypothalamus produit l'hormone corticolibérine CRH, provoquant en chaîne la libération, par l'hypophyse, de l'hormone adrénocorticotrope ACTH et celle, par la glande surrénale, de glucocorticoïdes. Le cortisol a pour action d'apporter au cerveau une énergie suffisante pour faire face aux agents de stress. Le rétrocontrôle s'effectue au niveau de l'hypophyse qui bloque la production de CRH. La perte du rétrocontrôle entraîne l'emballement de l'axe corticotrope et provoque un stress durable.

Dans le système nerveux, plusieurs stimuli sensoriels convergent vers l'amygdale pour l'informer des dangers potentiels de son environnement. Cette information sensorielle lui parvient, soit directement du thalamus, soit des cortex sensoriels spécialisés, soit de l'hippocampe lors de l'évocation d'un souvenir particulier explicite à charge émotionnelle.

L'information atteint l'amygdale dans une première phase par le thalamus ayant une fonction de relais des informations sensorielles périphériques en provenance du cortex associatif, dans une seconde phase, par le cortex préfrontal via le thalamus aprés réaction de ses neurones GABAergiques, afin d'adopter un comportement rationnel né de l'expérience face à la réaction émotive automatique initiale.

Le thalamus, situé entre le cortex et le tronc cérébral appartenant au système nerveux central, est composé de nombreux noyaux spécialisés. Il intervient donc également sur la régulation du rythme cardiaque, de la respiration.

L'hippocampe dans le système limbique assure en particulier la construction séquentielle de la mémoire spatiale grâce à des cellules émettant des trains de potentiel d'action en fonction du lieu. Des cartes cognitives peuvent être établies en fonction du niveau cumulé de ces potentiels. Leur particularité: le chemin au sein de l'arbre mathématique des possibilités de trajet est prédéterminé, donc son choix ne fait pas appel à la conscience.

Les connexions entre le cortex et l'hippocampe passent par deux petits noyaux du thalamus nommés rhomboïde et reuniens.

Une altération du thalamus perturbe donc non seulement l'accès au cortex préfrontal, mais aussi à l'hippocampe en charge du traitement d'une collection de stimuli à destination de l'amygdale. La perte d'orientation par l'hippocampe se traduit par une impression d'espace infini et de sentiment de plénitude suivi d'un ralentissement de la vie végétative.

Les lésions des noyaux thalamiques génèrent des troubles neuropsychologiques comme le syndrome de Korsakoff, responsable de l'incapacité de se repérer par rapport au temps et à l’espace, de reconnaissance des visages sans que la vision ne soit altérée.

2) Rôle chimique des neurotransmetteurs


La dopamine, le glutamate et son précurseur, le GABA, la sérotonine sont libérés par des neurones à synapse chimique du système nerveux central qui jouent un rôle central dans les hallucinations.

L'exocytose permettant la transmission synaptique du signal par neurotransmetteurs chimiques dépend de l'arrivée d'un potentiel d'action électrique codant l'information en fréquence par canal ionique.

La dopamine excitateur gère la motivation en maintenant le niveau de l’activité motrice.

Le glutamate excitateur le plus important du système nerveux central contribue aussi à réguler la libération de dopamine activé par exemple par les psychotropes. Il a comme précurseur principal le GABA.

Le GABA (acide gamma-aminobutyrique) inhibiteur est régulateur de l'anxiété dans la transmission des signaux nerveux.

Il semble impliqué indirectement dans l'axe corticotrope en bloquant au niveau de l'hippocampe la mémoire déclarative- celle que l'individu peut faire émerger consciemment- sur des situations anxiogènes qui restent au niveau du subconscient.

La diffusion des récepteurs GABA à la surface de la membrane post-synaptique dépend du niveau d’excitation électrique du neurone. Dès que le neurone cesse d’être excité, les récepteurs regagnent leur place initiale et reprennent leur rôle d’inhibiteur. Un dysfonctionnement empêchant le retour des récepteurs expliquerait ainsi en partie la perte d’inhibition lors de l'extase.


La sérotonine à la fois excitateur et inhibiteur selon la nature des récepteurs synaptiques, est synthétisée dans le cerveau par les neurones sérotoninergiques. Elle sert à réguler les principales fonctions de l'organisme la thermorégulation, l'anxiété, le contrôle moteur. Chez l’adulte, les taux anormalement bas de sérotonine sont généralement associés à des comportements impulsifs, agressifs.

Les neurones à synapse électrique dans le système nerveux somatique, sous-ensemble du système nerveux périphérique, ne sont pas impliqués dans le stress mais dans une réaction de défense sans délai de latence, diffusée en trois dimensions, des cellules tactiles comme l'épiderme face aux agents agressifs extérieurs (exemple : une brûlure). L'information est transmise au cerveau par voie chimique, la protéine piezo2 dans le cas particulier de l'épiderme.

3) Altération du cortex

Des personnes saines peuvent être victimes exceptionnellement d'hallucinations psychosensorielles du type "personnage en action", mais la plupart de hallucinations se produisent dans le cadre d'une pathologie mentale ou neurologique comme la schizophrénie, trouble psychiatrique au cours duquel le malade perd contact avec la réalité.

Si la personne considère ces hallucinations comme intrusives (c'est-à-dire qu'elle ne les contrôle pas consciemment), c'est parce qu'elle attribue ses propres pensées à un individu extérieur à elle (trouble de l'agentivité).

Ces anomalies de fonctionnement, si elles sont récurrentes, sont corrélées à des altérations de la structure anatomique même du cerveau, notamment au niveau des circonvolutions supérieures du cortex et de la jonction temporo-pariétale. Elles peuvent provenir d'une malformation du fœtus éventuellement transmissible par la voie génétique. Ce type de preuve ne peut être rapporté ni pour Jeanne d'Arc, ni pour Bernadette Soubiroux (18 extases mystiques) n'ayant pas officiellement enfanté.


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